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Channel: A contrario » foutage de gueule
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Racolage, complaisance, désinformation… C’est vraiment ce journalisme-là que vous voulez ?

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journal froisséÀ chaque « boulette » d’un journal, magazine, site d’information en ligne, on trouve de gentils défenseurs pour minimiser les choses avec une touchante et désarmante bonne foi :

« Oh, tu es dure, là, ils ont juste fait une erreur… »

« Bon, ils ont merdé, ok, mais là, il faut arrêter, on va pas les lyncher pour ça quand même. »

« Haaaaan mais arrêteuuuuuh, c’est de l’acharnement ! Ils ont juste un peu merdé. »

« Un journaliste a commis une erreur, c’est tout. »

En général, il s’agit de prétendues « boulettes » ayant trait à des trucs en « isme » ou en « phobe » : sexisme, racisme, homophobie, islamophobie… Depuis quelque temps, on voit aussi émerger des « boulettes » en rapport avec un truc en « philie », comme la pédophilie (parce que vous savez, la pédophilie, en fait, SAY COOL. SAY DE L’AMOUR. Et ceux qui prétendent le contraire sont des bien-pensants coincés. Si, si).

D’autant que la pédophilie a eu son heure de gloire à la fin des années 70, quand « Le Monde » et « Libération » ont publié cette charmante pétition en faveur de la pédophilie. Parce que vous comprenez, baiser des gosses, pour ces intellectuels progressistes, ça allait de soi, et freiner leurs ardeurs constituait une entrave à la liberté de jouir, car tout le monde sait bien que les enfants sont consentants (je vais vomir, je reviens).

Il n’est pas simple d’expliquer, sans passer pour complotiste, à quel point les « boulettes » journalistiques sont en réalité très rares. Et à quel point ces prétendues « boulettes » sont tout simplement partie intégrante de ce journalisme qu’on nous fourgue et qui est une machine bien huilée, tournant comme une horloge parfaitement réglée, et visant à nous vendre de la peur, de la discrimination et de la désinformation, parce que c’est très rentable, et parce que ça sert des intérêts privés et politiques que se foutent bien de l’intérêt du lecteur lambda.

Ok, là, c’est carton plein pour le complotisme, mais comment pourrait-il en être autrement si l’on considère les faits ? Il suffit d’ouvrir les yeux et de lire, d’écouter, de regarder.

Ces prétendues « boulettes », ces journalistes isolé-e-s qui commettraient « des erreurs » et dont les articles « passeraient entre les mailles du filet » (la bonne blague), ce sont plutôt des rédactions fermement dirigées par des gens qui veillent à la sauvegarde d’un système dont le principal objectif est de vendre. Vendre du papier, du clic, vendre à tout prix, y compris au prix d’une déontologie quotidiennement piétinée, d’êtres humains que l’on broie au passage, de la dignité des travailleurs, des pauvres, des exclus, des étrangers, des femmes, des enfants et d’une société toute entière, que l’on massacre médiatiquement jour après jour, avec efficacité et constance.

Ce journalisme-là, c’est celui que nous consommons. Car c’est quasiment le seul qu’on nous vend. Nous l’absorbons docilement, nous le digérons et nous le recrachons en société, comme des vaches obéissantes qui ont complaisamment ruminé le foin moisi qu’elles ont trouvé dans leur mangeoire.

Quant aux journalistes, qui craignent souvent pour leur job, pour leurs factures à payer, sans oublier celles et ceux dont l’ego ne pourrait se passer de la fameuse phrase « Je suis journaliste chez GrosMédiaHistoriqueAuNomQuiClaque », ils sont pour beaucoup à genoux devant ce système. Pas forcément parce qu’il le cautionnent, même si c’est parfois le cas, mais parce qu’ils pensent ne pas avoir le choix. J’ai des souvenirs cuisants de colère triste, certains jours où, pendant une conférence de rédaction, je passais pour une imbécile pénible en refusant tel ou tel sujet. Je disais « non, ça c’est pas possible » et j’étais l’emmerdeuse.

Seule, je n’étais pas très efficace, mais je savais qu’il était possible de dire « non ». Non, on ne devrait pas publier cette chronique qui fait l’apologie du viol. Non, je ne veux pas appeler cette dame dont la fenêtre donne, à travers un jardin, sur la fenêtre de la tour où est retranché Merah, pour obtenir un témoignage vide et racoleur qui n’a pour seul objectif que de faire du clic sur un drame épouvantable. Non, je ne veux pas. Non.

Je n’ai gagné que très peu de ces batailles minables. Non, je n’ai pas été efficace, même (surtout ?) de l’intérieur. Mais j’ai appris qu’on n’était pas obligé de cautionner. Quand un média (oui, je sais, on ne dit pas média au singulier, mais je m’en fous) choisit de publier un article pro-pédophile, j’ai envie de vomir en pensant à tous ces jeunes journalistes dont aucun n’a cru avoir avoir le droit et le devoir de dire non. Je rêve d’une salle de rédaction où une bonne dizaine de journalistes se lèvent et disent « Bon, on ne reprend pas le taf tant que ce truc est en ligne. On ne pourra pas se regarder en face si on n’agit pas. »

Je rêve de voir des journalistes de 25 ans dont l’intégrité n’a pas déjà été assassinée par cette presse qui nous vend de la merde en nous la saupoudrant de sucre pour que le goût nous plaise.

Parce qu’il n’y a pas de boulettes individuelles de journalistes qui ont merdé. Il y a juste une machine à démolir, qui fonctionne plein pot. Faisons un petit tour d’horizon…

Il y a la peur qu’on nous vend, l’islamophobie en étant un très bon exemple : cliquez ici, ici et

Il y a la scénarisation parfaitement orchestrée de la représentation de l’opinion publique : cliquez ici

Il y a le journalisme facile, qui pille pour que ça rapporte gros en misant très peu : cliquez ici

Il y a la pédocriminalité vendue comme une romance : cliquez ici, et

Il y a les journalistes qu’on oblige à faire du sale boulot, en dehors de toute « boulette », mais avec une préméditation extrêmement cynique, et qui se sentent pris au piège, au point qu’ils ne peuvent témoigner qu’anonymement, parce qu’ils craignent de se faire virer : cliquez ici

Il y a les « chiens de garde »  : cliquez ici, et

Il y a les modèles économiques douteux, autour de ce journalisme et plus largement de ce web 2.0 qui veut s’enrichir sur du contenu obtenu gratuitement, dans le cadre de « l’économie de la gratitude » : cliquez ici, ici, et

Il y a l’enjeu marketing, politique et sociétal du contrôle sur le corps des femmes : cliquez ici, et , et puis là aussi, et encore là

On pourrait continuer des heures, et insérer des kilomètres de liens, sans jamais parvenir à l’exhaustivité.

Mais de boulette, dans tout cela, il n’y en a point. Non, ce qui arrive parfois, c’est qu’une ficelle soit trop grosse pour passer inaperçue, et que dans un sursaut de dignité, nous réagissions. Mais là encore, il faut compter avec les défenseurs dociles de cette presse malade, gangrénée par le plus destructeur des cynismes.

Et quand nous réagissons, il faut nous battre non seulement contre cette immense machine à fric, riche et puissante, mais également contre ses victimes, qui prennent sa défense sans forcément percevoir les enjeux de domination et de manipulation qui sous-tendent la démarche globale.

Alors au final, peut-être est-ce vraiment ce journalisme-là que vous voulez. Un journalisme où des rédacteurs en chef prononcent sans ciller des phrases telles que « Y a au moins 350 morts, faut qu’on soit là-dessus à tout prix, ça va être une bonne journée ». Un journalisme où on peut romancer un pénis, des doigts, une langue d’adulte dans le vagin ou l’anus d’une fillette de 12 ans. Un journalisme où le musulman est l’ennemi, la femme un objet, le viol une vaste blague (d’ailleurs, violez votre femme, elle ne demande que ça) et l’information une donnée malléable, un produit en kit, à monter soi-même, et qu’on va vendre en le distordant à volonté.

Pourtant, nous sommes libres de dire non. Et de refuser la toute-puissance de ce système. Ce serait vraiment une bonne chose de ne pas l’oublier. Et de ne pas oublier que chaque fois que nous nous dressons face à un article répugnant, nous ne mettons pas seulement en cause un contenu isolé mais une démarche globale.

Nos petits poings rageurs et nos vociférations, qui suscitent tout autant les moqueries que la solidarité, sont encore le meilleur moyen que nous ayons,  à notre très modeste échelle, de refuser d’être à genoux devant ce journalisme toxique, qui nous vend du pain et des jeux pour mieux nous anesthésier face à ce que notre société produit de pire.

N’arrêtons pas de vociférer. Après tout, ce journalisme n’a que la puissance que nous lui donnons en le consommant. Nous sommes libres de cesser de le consommer, de l’acheter, de le digérer. Sans nous, il n’est rien.


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